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COVID 19 : La Keliki Painting School remercie toutes les personnes qui cherchent ou chercheraient à aider financièrement les familles de peintres pendant cet épisode de confinement, mais l'état indonésien donne depuis le mois de mars une compensation financière mensuelle allant de 600.000 Rp à 1.500.000 Rp par famille indonésienne, ce qui suffit à leurs besoins (à noter que les familles de Keliki possédant des chambres à destination des voyageurs occidentaux font partie des plus aisées du village, les autres familles du village gagnant par mois ce que les familles de la KPS gagnent en 4 jours). Le gouvernement indonésien a également proposé la suppression des factures d'électricité et a fixé le prix du riz à son niveau le plus bas depuis 2007. D'autre part, les Banjars Adat et Banjars Dusun (associations de quartiers) se mobilisent depuis mars pour organiser des distributions gratuites et hebdomadaires de nourriture pour chaque famille à travers tout le pays. La Keliki Painting School restera fermée jusqu'à mi-juin, voire jusqu'à fin juin puisque le pic est attendu à la mi-mai en Indonésie. Des familles de Keliki font remarquer que des pays souffrant d'une réelle pauvreté tels du l'Inde ont des besoins bien plus vitaux qu'eux-mêmes, le gouvernement indien n'offrant absolument aucune aide concrète ; la fondation FEEDING INDIA tente de fournir actuellement de l'aide alimentaire aux familles confinées grâce à 26.000 bénévoles oeuvrant dans plus de 100 villes indiennes : https://www.feedingindia.org/ourwork |
![]() "Hérons et grevêches" ![]() | A 15 minutes d'Ubud, capitale des Arts de Bali, se trouve le petit village de Keliki qui génère et concentre les peintres du "Style Keliki", peinture de tradition ancienne et villageoise. Les écoles dites "d'Ubud" à Bali ainsi que l'école de Yogjakarta à Java sont les deux grands centres de la peinture traditionnelle en Indonésie. Bali compte de nombreuses petites communautés de peintres qui ont fleuri dès les années 1920 à Ubud, Penestanan, Pengosekan, Sayan, Lod Tunduh, Batuan et Keliki. Dans les années 1980, le tourisme de masse a fait se multiplier encore plus considérablement ces communautés de miniaturistes, chaque peintre proposant aux enfants de son quartier de les former tout en les rémunérant, en échange des peintures réalisées puis revendues sur les marchés ou dans les galeries ; arrivé à l'âge adulte, l'ancien élève ouvre à son tour une table qui acueillera d'autres enfants, etc, etc. Le village de Keliki compte plus d'une vingtaine de ces tables de peintres formant des enfants à l'art de la miniature. Le “Style Keliki” est une des variantes de la miniature traditionnelle balinaise et désigne cet art qui remonte à des temps anciens et que la tradition orale a continué de perpétuer jusqu’à nos jours. L'école de Keliki hérite de l'ancienne école miniaturiste de Batuan mais a su quant à elle, conserver les règles de l'authenticité première alors que l'école de Batuan, de par sa situation proche des lieux touristiques, a souvent fini par céder à l'influence de la peinture contemporaine dite abstraite. L’art à Bali possède une fonction sacrale et pour un peintre-paysan de Keliki, peindre une Sarasvati (déèsse de la Connaissance, de la Parole et des Arts) ou un Rama et Sita a toujours relevé d’un acte rituel, d'une sorte de méditation artistique : on se doit d'honorer les Dieux en les imitant pour créer de la beauté. Les thèmes sont : - soit d'inspiration religieuse (personnages du panthéon hindouiste, du Ramayana et du Mahabharata ...) - soit des figures issues des danses rituelles du théâtre et de l'opéra de cour (Barong, Baris, Legong, Kecak ...) - soit liés à la description de la nature (récolte du riz, paysages d'oiseaux et de hérons ...) - soit plus rarement d'inspiration libre (portraits, grenouilles anthropomorphes, etc). Les techniques modernes qu’apportèrent les nombreux peintres occidentaux dès 1920 aux alentours d’Ubud (Walter Spiess, Adrien Jean Le Mayeur, Willem Gerard Hofker, Miguel Covarrubias, Arie Smit, Antonio Blanco, etc ...) renouvelèrent la technique du graphisme et diversifièrent le matériau sans que les peintres balinais ne se détournent de la tradition et de ses thèmes de représentation. |
La Keliki Painting School |
![]() Cours avec Pitri dans la galerie du balé (© Laurence K) | Contenu des stages et cours de peinture Le contenu des cours est modulable en fonction de la durée de l'enseignement : un visiteur ne désirant qu'une seule demi-journée se verra proposer une simple initiation à la technique de l'ombrage ou aux aplats de couleur. Pour les sessions plus longues et stages, après une petite évaluation du niveau de l'élève, tous les stades de la réalisation d'une peinture seront abordés depuis une feuille blanche cartonnée (graphisme et trait, ombrage, chromatisme ...). |
![]() | Ces peintres s'évertuent de préserver intact et d'enseigner cet art séculaire du village de Keliki. Dotés tous d'un pointillisme rigoureux, les peintres de la Keliki Painting School estiment cependant que la conservation d'un art ancestral passe aussi par son perpétuel renouvellement, sans toutefois concéder à aucune forme de facilité ni à la remise en cause des fondements de la tradition, au nom d'un prétendu modernisme. Leurs créations ont fait souvent l'objet de commandes de la part d'Occidentaux, de collectionneurs et conservateurs javanais ou de la sphère asiatique (Japon, Corée, Malaisie ...). Toute ces familles ont été initiées à la peinture dès le plus jeune âge, ce qui fait de ces habitations de véritables "ruches" de peintres. Toutes ces familles appartiennent à la lignée des Ksatryas (descendants de la royauté et de la noblesse, tenants du pouvoir temporel), seconde des 3 castes de l'Hindouisme après les Brahmanas (tenants du pouvoir spirituel) et avant les Wesyas (hauts fonctionnaires et commerçants du royaume) ; leurs ancêtres faisaient partie des cours du Royaume de Majapahit qui dûrent fuir Java devant l'avancée de l'Islam pour s'établir à Bali au XVè et XVIè siècle, accompagnés de leurs artistes, musiciens et danseurs, sculpteurs sur bois et sur pierre, orfèvres et forgerons, conteurs, montreurs de marionnettes et peintres. |
![]() Anom, très concentré (© Christelle) | ![]() Ombrage à l'encre de Chine | ![]() ... et détails d'un "Rama et Sita" |
![]() Mas au stade de l'ébauche (© Christelle et Fred) | ![]() Kadêk en plein travail (© David et Mag) | ![]() Pitri sur un processus (© Laurence/Fred) |
![]() Ombrage d'un Barong par Putra | ![]() Cours avec Ganyar (© Cédric et Milan) | ![]() Cours à la galerie avec Riong (© Loïc LC) |
Les jeunes peintres Madé et Kadêk | ![]() et Siti et Ebi préparent la relève (© Geneviève) |